Dans la majorité des cas, il s'agit de la fracture du plancher de l'orbite, qui est une très fine lamelle osseuse.
Cette fracture survient après un coup, intentionnel ou accidentel, porté directement sur le globe oculaire. Elle se traduit par un hématome des paupières associé à un volumineux œdème ("cocard"), par une vision double (diplopie), par une enophtalmie (recul du globe oculaire dans l'orbite, augmentée de volume du fait de la fracture) et, parfois, par une diminution de la sensibilité dans la région de la joue, de l'aile du nez, de la lèvre supérieure et de l'arcade dentaire supérieure.
Dans certains cas, une plaie du globe oculaire survient dans le même temps, qui devra être traitée conjointement par l'ophtalmologiste. Certaines situations, comme la baisse de l'acuité visuelle ou l'incarcération d'un muscle oculomoteur (muscles responsables des mouvements de l'œil) dans le foyer de fracture rendent l'intervention très urgente.
Lorsqu'une indication chirurgicale est posée, l'intervention est réalisée au bloc opératoire, sous anesthésie générale.
Elle consiste à aborder le plancher de l'orbite, soit en passant par un pli de la paupière inférieure, soit directement à travers la conjonctive. Dans un cas comme dans l'autre, la rançon cicatricielle de cette intervention est minime. Pour réparer le plancher, on utilise en général une lame de matériau résorbable, qui vient soutenir l'œil en lieu et place du plancher fracturé, et donc le remettre en bonne position.
En post opératoire, l'œil est généralement fermé pour 48 heures et la surveillance de la vue est réalisée toutes les 2 heures pendant 24 heures. Une antibiothérapie de courte durée est prescrite, ainsi que la réalisation de soins locaux pour l'œil. L'ablation des fils se fait le plus souvent au 5ème jour post opératoire. Le mouchage est proscrit pour une durée de 6 semaines.
Si il existe une diminution de la sensibilité de la joue, de l'aile du nez, de la lèvre supérieure ou de l'arcade dentaire supérieure, elle peut mettre jusqu'à deux ans avant de régresser, mais elle peut aussi persister définitivement.
Au décours d'une intervention pour fracture du plancher de l'orbite, un hématome peut se former dans l'orbite, et être responsable d'une baisse de la vision. Cette complication, redoutable bien que rarissime, justifie la surveillance drastique de l'acuité visuelle dans les 24 premières heures post opératoire, et une consultation en urgence si elle survient après la sortie de l'hôpital. L'évacuation en urgence de cet hématome permet, dans la grande majorité des cas, une récupération complète de la vision.
Une diplopie (vision double) peut persister, ou survenir, après l'intervention. Si elle ne régresse pas spontanément en 2 à 3 semaines, le chirurgien peut être amené à prescrire des séances de rééducation de la mobilité du globe oculaire (orthoptie).
Enfin, un certain degré d'enophtalmie peut persister après l'intervention. Si elle s'avère gênante, une reconstruction secondaire du plancher de l'orbite, en général par greffe osseuse ou par treillis de titane sera proposée.
Docteur André Chaine
Ancien interne des Hôpitaux de Paris
Ancien chef de clinique des Hôpitaux
Praticien hospitalier des Hôpitaux de Paris à la Pitié-Salpêtrière
Chirurgien maxillofacial
Chirurgie esthétique et reconstructrice du visage
Micro-chirurgie
Chirurgie implantaire et préimplantaire